Dans le quartier de Carras, au 7 de l’avenue Raymond Ferraud, une fresque d’une ampleur impressionnante attire l’attention des passants. Intitulée « Le voyage dans le temps au port de Carras », cette œuvre de l’artiste affichiste niçois Eric Garence, réalisée en deux temps, en 2022 et 2023, transcende le simple graffiti pour devenir une véritable fenêtre sur le passé de Nice. Avec ses 29 mètres de long et ses 5,6 mètres de hauteur à droite, la fresque ne se contente pas d’embellir un espace public ; elle invite à la réflexion sur l’histoire locale et le lien entre le passé et le présent.
Une double réalisation, une vision enrichie
La fresque a été exécutée en deux phases distinctes, un choix délibéré qui permet à Eric Garence de créer un contraste saisissant entre le passé et le présent. La première partie, réalisée en 2022, représente le port de Carras tel qu’il était au début du XXe siècle. Les éléments graphiques évoquent un passé vivant : des pointus colorés, ces barques traditionnelles typiques de la Côte d’Azur, une digue où les pêcheurs s’affairent, ainsi que leurs cabanes pittoresques. Ce tableau vivant de la vie portuaire évoque la richesse d’un héritage maritime que beaucoup de Niçois n’ont pas connu mais que la fresque parvient à faire revivre.
La seconde partie, achevée en 2023, se projette vers l’avenir. Elle évoque l’aéroport de Nice, qui se situe juste au-dessus du port de Carras. Un Airbus d’Air France survole la scène, réalisant une liaison emblématique entre Paris et Nice. Cette inclusion des transports modernes dans le paysage traditionnel pose une question essentielle : comment coexistent passé et présent ? Eric Garence répond à cette interrogation en intégrant ces éléments contemporains avec finesse, soulignant ainsi l’évolution de la ville tout en respectant son histoire.
Une technique au service de l’histoire
Eric Garence, connu pour son utilisation innovante des pochoirs et des bombes aérosols, met à profit son savoir-faire pour créer des textures et des couleurs qui captivent l’œil. La fresque s’étend sur plus de 142 mètres carrés, un défi technique que l’artiste relève avec brio. Son ciel habituellement azuréen devient subitement jaune et la luminosité des rayons de soleil se combinent pour créer une œuvre à la fois dynamique et apaisante.
La technique d’Eric Garence permet non seulement de jouer avec les couleurs, mais aussi d’évoquer des sensations et des émotions. En contemplant cette fresque, le passant ne peut s’empêcher de ressentir un lien profond avec le territoire et son histoire. C’est là toute la force de l’art public : transformer un espace de passage en un lieu de rencontre et de réflexion.
L’impact d’une œuvre sur son environnement
Située sous la voie rapide de Nice (voie Pierre Mathis), cette fresque est visible de tous ceux qui empruntent cet axe très fréquenté. Elle transforme un trajet quotidien en une expérience visuelle enrichissante. Les automobilistes et les piétons sont ainsi accueillis par une explosion de couleurs qui attire le regard et invite à la contemplation. En embellissant cet espace banal et gris, Eric Garence parvient à créer une parenthèse poétique dans la routine citadine.
Les retours des habitants et des visiteurs sont positifs. Cette fresque devient un point de repère, une signature visuelle qui renforce l’identité du quartier de Carras. En ajoutant une dimension artistique à la ville, elle contribue également à une atmosphère plus vivante et engageante.
Une commande publique au service de la culture
La réalisation de « Le voyage dans le temps au port de Carras » a été commandée par la Ville de Nice. Ce choix de la municipalité souligne une volonté de valoriser l’art urbain et de soutenir les artistes locaux. En intégrant des œuvres d’art dans l’espace public, la ville ne se contente pas d’embellir son environnement ; elle nourrit également un dialogue entre l’art, la culture et les citoyens.
Cette démarche témoigne d’une prise de conscience croissante de l’importance de l’art dans l’espace public. La fresque de Garence s’inscrit dans une série d’initiatives visant à renforcer l’attractivité de Nice tout en célébrant son patrimoine. Elle fait écho à d’autres réalisations de l’artiste, comme la fresque de l’Avenue de Fabron ou celle sur le toit-terrasse de l’hôtel Radisson Blu sur la Promenade des Anglais, qui ont également contribué à dynamiser le paysage urbain niçois.
Un projet communautaire
La réalisation de cette fresque a également été l’occasion de rassembler la communauté. Les résidents du quartier, en voyant l’évolution de l’œuvre, se sont sentis impliqués dans ce processus créatif. L’art devient alors un moyen de renforcer les liens entre les habitants, favorisant un sentiment d’appartenance et d’appropriation de leur environnement.
Les visites de l’artiste pendant la réalisation ont permis aux enfants et aux adultes de découvrir le processus artistique, offrant une opportunité d’éducation et de sensibilisation à l’art. Ce type d’interaction est essentiel pour créer une culture de l’art accessible à tous.
Une œuvre pérenne
L’ampleur de la fresque « Le voyage dans le temps au port de Carras » garantit sa pérennité dans le paysage urbain de Nice. À travers cette œuvre, Eric Garence offre un cadeau visuel qui continuera à inspirer et à captiver les générations futures. Elle devient un symbole de l’identité niçoise, une invitation à explorer les richesses du patrimoine local tout en regardant vers l’avenir.
En somme, cette fresque incarne une synthèse réussie entre l’art, l’histoire et la modernité. Elle représente un pas en avant vers une ville où l’art et la culture occupent une place prépondérante, participant à l’embellissement de l’espace public et à la construction d’une identité collective.